2 octobre 2023 • ACTUALITÉS
Découvrez Anne Luu, fondatrice de YesWeCool
Raconte-nous ton parcours ?
J’ai été dirigeante et dans ma formation d’école de commerce, je n’avais jamais touché aux problématiques d’impact. Dans mes dernières années, j’ai pu diriger une centaine de personnes et j’ai été témoin d’une certaine fragilité psychologique dans mes équipes, dû notamment à de mauvaises méthodes de management. J’ai ensuite fait une pause et j’ai fait un master en gestion des établissements sanitaires et médico-sociaux avec l’ambition d’avoir plus d’impact car c’est quelque chose qui me plaisait. J’ai ensuite commencé à bosser comme médiatrice de santé bénévole chez Médecins du Monde, où j’ai pu bosser avec des populations spécifiques.
Je me suis d’ailleurs spécialisé en médiation de santé et j’ai fait un CDD d’un an au CNRS, en tant que secrétaire générale. J’ai pu vivre différentes situations compliquées au niveau humain, qui m’ont fait mettre le doigt sur un vrai problème de fond : la posture du « non-dit », du silence, qui régnait autour des salariés en situation de fragilité psychologique. J’ai assisté à l’inaction de la médecine du travail sur ce sujet, et je suis restée choquée par leur passivité.
Si nous avions eu, à un moment donné, des collègues qui auraient adopté une posture préventive dans cette situation, on n’en serait pas arrivé là.
J’ai alors commencé à faire des recherches sur le sujet, pour voir s’il y avait des choses qui étaient déjà mises en place pour aider ces personnes-là dans leur milieu professionnel. J’ai découvert qu’on évoquait beaucoup la dépression, l’anxiété avec des applications. Et j’ai découvert que le stress était un réel facteur de maladie et nous n’avons pas tous les mêmes chances par rapport à ça.
Ce qui m’a touchée, c’est le fait de voir quels étaient les publics les plus impactés et les plus atteints par ce facteur stress : les femmes et les jeunes (de 17 à 35 ans). Ils développent plus de problèmes physiques et psychiques liés au stress. En parallèle, on remarque également que ce sont les personnes avec le moins de revenus et d’éducation. Cela m’a conforté dans l’idée qu’il y avait réellement quelque chose à réaliser pour faire bouger les lignes. J’ai donc commencé à me renseigner seule, à me documenter et voir des experts de mon côté.
J’ai rencontré PULSE après les différents confinements. Pendant ces confinements, j’avais travaillé sur cette idée et j’avais commencé à travailler sur des Hackathons. Pendant un an j’ai pu affiner ma proposition, et apprendre le No-Code : en gros, je me suis débrouillée seule sur cette période !
J’ai ensuite intégré le programme #NouveauCap, qui a été lancé en septembre 2021. Je me suis lancé avec PULSE car c’était important pour moi d’avoir un accompagnement en lien avec l’entrepreneuriat social. C’était un modèle d’accompagnement qui correspondait à mon projet et au développement que je voulais lui donner. Pour avoir eu un parcours financier auparavant, j’ai eu moins besoin de la partie mécanisme de financement durant cet accompagnement.
Pour moi, l’accompagnement de PULSE a été déterminant dès la deuxième session. Sur cet atelier, un intervenant de HOK était venu nous expliquer comment définir sa proposition de valeur dès lors qu’on souhaite développer un projet à impact social ou environnemental… J’aurais cette intervention en mémoire pour toujours ! Il était très clair dans ses explications et il disposait d’une bonne technique pour nous inspirer et nous aider à structurer notre offre.
Peux-tu nous présenter ton projet ?
À l’époque, je m’adressais à tout le monde et maintenant plutôt à des employeurs, des mutuelles, et aux acteurs de la prévention de santé.
Mon produit c’est Yes We Cool, une application mobile de prévention du stress chronique professionnel. Elle consiste à sensibiliser de manière innovante et à présenter des moyens de comprendre comment, et à quels stades, on peut réagir en situation de stress. C’est la première solution de santé qui s’adapte aux réactions de l’utilisateur. On se positionne comme un acteur sensibilisant à l’autonomie pour une santé durable et pour faire évoluer la prévention. Cela permet de comprendre comment on réagit soi-même face au stress.
Les risques de développer des problèmes de santé liés au stress sont élevés. Le plus gros risque étant le développement de maladies cardio-vasculaires. Cela entraîne notamment un état de fatigue constant. Notre application permet d’expliquer comment réagir à ses symptômes.
On a eu une grosse phase de prototypage avec environ 200 personnes de tout âge, qui ont pu tester notre solution. Cela nous a permis d’avoir un échantillon de personnes varié et de structurer des méthodes de prévention adaptées à chaque profil.
Pourquoi avoir rejoint PULSE ?
Le premier critère intéressant était la cible du programme, puisque c’était un programme destiné au plus de 45 ans. J’étais la seule qui ne venait pas de région parisienne. J’ai été sélectionné et c’était vraiment super.
Ils ont une expertise sur l’aspect impact qui est géniale. Le groupe SOS était ma cible (aide sociale, aide médicale) et c’était un accompagnement différent de ce que pouvaient faire d’autres acteurs de l’impact.
Venant de province, j’ai la conviction que le savoir et le réseau se trouvent à Paris et quand j’ai vu la qualité du programme cela m’a rassurée sur mon choix.
J’ai également adoré la relation avec l’équipe accompagnante. On traverse des périodes de doutes durant le programme et dans ces moments-là on cherche quelqu’un de factuel en face. Qui soit encourageant sans chercher à rassurer ou faire plaisir à l’entrepreneur. De plus on retrouvait énormément de gens bienveillants dans la promotion, qui s’encourageaient tout le temps. Les relations avec certains durent encore d’ailleurs !
Quel a été ton plus grand obstacle ?
De me rémunérer. J’ai pu réussir à trouver de l’argent pour l’aspect technique du projet, mais ça n’a jamais suffi pour me verser un salaire, durant toute la phase de construction jusqu’à la commercialisation. En vivant sans rien, on perd vite du soutien, et ça c’est extrêmement difficile. Cela peut freiner les moyens matériels et les investissements. Ne pas avoir d’équipes m’a également freiné. Monter un projet seul c’est un frein, autant psychologiquement qu’opérationnellement. Je ne conseille pas de se lancer dans ces conditions !
On est à des âges où on a des charges différentes, on a des enfants, parfois tu enchaînes deux boulots et il faut être conscients que son capital, c’est d’abord soi-même. Donc participer à PULSE c’était une certaine logistique, notamment pour moi qui ne vient pas de Paris et qui devait faire garder mon fils. Ce sont des facteurs à prendre en compte avant de se lancer !
Où en es-tu ? Quelle dernière réalisation te rend particulièrement fière ?
L’application est définitivement dans les stores ! Elle a eu des supers résultats lorsqu’elle a été testée, notamment par des utilisateurs d’Orange. En ce moment, elle est en déploiement au Canada, où nous sommes d’ailleurs solution pilote chez Ubisoft et INEO. On est donc désormais dans une vraie phase de commercialisation et de développement de partenariats.
Yes We Cool est également devenu récemment une startup tech à impact de la communauté French IoT, Impact X Technologie du groupe LaPoste !
Tu as une anecdote à nous raconter ?
Au début de mon projet, je suis allé voir le directeur des hôpitaux psychiatriques de Marseille et c’est lui qui m’a aidé sur une partie du projet. Il m’a dit « Personne ne sait comment faire ce que tu souhaites mettre en place, mais on est à une époque où c’est faisable, donc vas-y. ». C’est quelque chose qui m’a poussé à franchir le cap de l’aventure entrepreneuriale. C’est une phrase que je garde en tête et qui m’aide à rester constamment motivée !
Un commentaire en plus ?
Concernant le programme #NouveauCap, je trouve qu’il est vraiment complet, je le conseille totalement ! Les personnes qui participaient à ce programme étaient toutes des cadres et cette trame-là, c’est une bonne chose pour se lancer. Il y avait une bonne ambiance et pas mal d’échanges. Quand on rentre dans ce type de programme, on a tellement d’incertitude qu’avoir des échanges collaboratifs, c’est super. Il faut toutefois faire attention durant le programme à évoquer les freins de l’entrepreneuriat : on va tous se les prendre et ça, c’est vraiment important d’en parler !
On a également eu beaucoup d’experts vraiment intéressants qui sont intervenus sur des thématiques spécifiques. Si on pouvait également les solliciter sur leurs expertises et capitaliser sur leurs expériences respectives, ça serait vraiment intéressant.
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